vendredi 7 décembre 2012
Un sujet qui me tient à coeur : les TCA
TCA : Troubles du comportement alimentaire / Anorexie / Boulimie / Pro-ana / Pro-mia
Pourquoi ce sujet me tient à coeur ? Parce que moi aussi je suis tombée dans cette foutue maladie qui est l'anorexie et je vais vous raconter mon histoire.
J'avais 16 ans, je me sentais mal dans ma peau, je me trouvais trop grosse et tout me le faisait croire. J'avais des rondeurs, je ne pouvais pas m'habiller comme les ados de mon âge, je me trouvais trop grosse comparé aux autres filles de mon âge, je n'avais pas de petit ami, je me comparer aux filles que l'on voit dans les médias (actrices, chanteuses...) et j'avais du mal à m'habiller dans les magasins d'ados du style Jennyfer. Un soir de dimanche en octobre 2005, j'ai regardé Capital qui avait pour sujet les TCA. J'ai alors découvert les pro-ana, malgré ce qu'ils disaient de négatifs sur elles, je m'en foutais, je voulais maigrir à tout prix. Je me suis renseignée sur internet, j'ai découvert des blogs de pro-ana avec ce qu'elle vivait au quotidien, un quotidien pas facile mais qui en valait la peine pour moi, à cette époque. J'ai alors pris contacte avec l'une d'entre-elles en lui expliquant mes souhaits et c'est là que toute ma vie a basculé.
J'ai commencé à ne plus manger, boire beaucoup d'eau quand j'avais faim, faire du sport pour ne plus penser à manger, j'ai menti à mes parents en leur disant que je mangeais à la cantine du lycée le midi alors que je n'avalais rien, le soir je n'ai jamais beaucoup mangé alors ce n'était pas un soucis de dire que je n'avais pas faim. Pour qu'ils ne s'en aperçoivent pas, je portais des vêtements larges avec plusieurs couches, je cachais mon visage derrière mes cheveux épais, lors des repas de famille ou lorsque je n'avais pas le choix de manger avec eux, je mangeais normalement et allais me faire vomir après, quand je sentais que j'allais craquer, je pouvais compter sur mes amis pro-ana qui me soutenaient à n'importe quelle heure. Je me disais que dès que j'avais perdu les kilos que je souhaitais, j'allais arrêter. Toute cette souffrance pour ressembler à ces filles que tout le monde trouve belles, celles qui font retourner les têtes dans la rue.
65 kg, 58 kg, 55 kg "tu es de plus en plus belle" "waouh comment tu as maigris bravo".... Je pouvais enfin m'habiller comme les autres filles, je voyais plus de regard sur moi, mon objectif était atteint mais je me trouvait toujours aussi grosse, je me voyais toujours avec ce même regard de dégoût . Mes amis pro-ana me disaient que je n'étais pas encore assez mince, les mannequins font 20 kg de moins que leur taille, je fais 1m65 alors je devais faire 45 kg, nouvel objectif.
J'avais de plus en plus de mal à tenir, par moment j'avais des crises de boulimie, je mangeais tout ce que je pouvais trouver et allais me faire vomir ensuite. Cette douleur, je la sens encore dans mon corps, mettre mes doigts au fond ma gorge et vomir, sentir l'acide qui brûle de plus en plus, à chaque crise de boulimie, j'avais de plus en plus mal. Et puis la faim avait disparue, avec elle ma joie de vivre, mon sourire, ma bonne humeur. Personne autour de moi voyait ce qu'il se passait, je sais tromper le monde qui m’entoure, je sais manipuler les gens, je savais comment éviter les malaises.
50 kg, 45 kg, 40 kg toujours ces compliments mais c'est à cette période que j'ai commencé à me cacher car je voyais bien que j'étais maigre, je ne voulais pas manger, je n'avais pas envie, je n'avais pas faim, je ne voulais pas redevenir grosse. Mon objectif était plus qu'atteint mais je me sentais mal, je n'avais plus chaud, je n'avais plus d'émotions, je n'avais plus de envie de faire quoique ce soit, je n'avais plus d'amis, je me suis isolée volontairement pour qu'on me laisse tranquille, je ne vivais plus, c'était une mort à petit feu.
Une prise de sang que j'ai dû faire et là j'ai réagis en voyant les résultats alarmant. J'ai pris contacte avec des filles qui sont sortie de cette maladie et elles m'ont aidé. J'ai dû recommencer à manger, cette douleur aussi je la ressens encore car quand votre système digestif n'a pas fonctionné depuis quelques mois, ça fait horriblement mal, je souffrais de remanger, je souffrais mentalement et physiquement. Pour éviter les crises de boulimies, je m'occupais l'esprit en sortant de chez moi, en allant dans une association. Petit à petit avec ces anciennes malades et cette association, j'ai réussi à remanger, à reprendre du poids, reprendre goût à la vie. Petit à petit je revivais. M'en sortir a été encore plus dur que d'être dans cette maladie. J'ai repris tout le poids que j'avais perdu mais je me sentais bien dans ma tête et dans ma peau. Finalement, ces petites rondeurs étaient belles et elles plaisent, ce corps est un corps de femme et non d'ado.
Aujourd'hui, je vis encore avec, je sais que c'est un combat de tous les jours, j'ai encore cette petite voix après un gros repas qui me dit d'aller aux WC ou cette voix qui me dit de ne pas manger car je fais beaucoup d'écart en ce moment mais je résiste.
Pour que cette maladie disparaisse, il faut que cette société arrête de dire aux filles que pour être belle il faut être mince, il faut montrer dans les médias de vraies femmes avec des formes. Avoir un peu de ventre, de cuisses... ce n'est pas être moche ou grosse, c'est la réalité. Et sachez que les hommes n'aiment pas les femmes trop mince :)
Je sais que lorsqu'on est touché par cette maladie, on s'en fou, on ne veut rien savoir mais sachez que je suis passée par là et que je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu. Sortir de cette spirale est plus dur que d'y entrer, croyez-moi. N'hésitez pas à venir m'en parlais si vous souffrez comme moi j'ai souffert.
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